chap 2 partie 1

Publié le par Xéléniel

 

Elle avait hurlé que je la laisse tranquille et j'avais accédé à sa demande.

Liaden lui conseilla une pile de livres sur mon sujet. Peut être que cela l'aiderait. J'avais oublié à quel point c'était difficile de me supporter, pas que je sois désagréable, bien sûr, mais surtout à cause des responsabilitées que cela entraînait et elle en aurait plus que les autres prophètes.

Eléanee s'appretait à sortir du bureau de la Haute elfe, les bras encombrés de livres lorsqu'elle tomba, littéralement, dans les bras d'un garde.

-Pardon Drakahen, dit elle en souriant et en rougissant légèrement.

-C'est toujours un plaisir, lui répondit-il avec un sourire de canaille et en entrant dans le bureau.

Elle avait toujours croisé cet ami de sa Maestre avec plaisir....


Drakahen était un mercenaire que Liaden connaissait bien et qui pour le moment était engagé en renfort au palais. Ils étaient à présent seuls dans le petit bureau quasiment vide au premier étage du temple.

Grand, fin, musclé, l'homme devait avoir une trentaine d'années. Sa barbe naissante et son bouc lui donnait l'air d'un loup de mer. Il portait une tunique de cuir, ses vêtements de gardes posés sur un siège à ses côtés et était en train de ranger son épée dans son fourreau. Tout en lui respirait le guerrier. Ces yeux sombres perçants, brillaient d'intelligence et une grande force se dégagait du moindre de ces mouvements. Sa réputation d'excellent combattant et d'homme d'honneur en faisait un mercenaire réputé en plus du fait qu'il ai été l'élève d'un grand Maitre d'armes. Liaden était en train de lui confier le recrutement d'hommes pour la mission car elle souhaitait éviter de tomber sur un des espions de l'Adversaire dont le temple devait être truffé.

-Réunissez les ici, ce soir, disait Liaden, et que des personnes de confiance. Cette mission est des plus secrète. Ah, oui, il faut absolument que des volontaires, nous ne sommes même pas sûrs de revenir...

Elle faisait des aller-retours dans son bureau, réfléchissant au fur et à mesure à ce qu'il leur fallait.

-Des chevaux, ce sera le plus simple, des provisions, des armes mais pas trop nous devons absolument rester discret... Qu'es ce que j'oublie mon cher Drakahen?

Il la regarda tranquillement avec un léger sourire.

-Vous oubliez de vous calmer Madame.

Elle s'arrêta comme foudroyée sur place.

-MADAME ?? depuis quand tu m'appelles comme ça espèce de gamin capricieux....?

-Depuis que vous me donnez le tournis à force d'user le tapis, lui rétorqua t'il nonchalemment.

Elle éclata de rire et s'assit. Les références de l'homme étaient parfaites, mais c'était surtout son caractère et son humour qui avaient séduite l'elfe et l'avaient poussé en ces quelques mois à se lier d'amitié avec lui..

-Soit, me voilà assise alors je t'en conjure, ne m'appelle plus Madame, ou tu vas apprendre ce que ça veut dire jurer comme un atteleur de Lystroll !

Son sourire s'effaça brutalement et elle s'adressa à lui sans le regarder.

-J'espère que tout cela finira bien mon ami.... Part maintenant, va chercher tes compagnons et à ce soir.

Elle resta songeuse à son bureau sans même s'apercevoir que Drakahen sortait accomplir sa première mission.




*****




L'aprés midi était bien entamée et la ville se préparait pour la fête du soir. Trois jours célébrant la nouvelle année et c'était le dernier.

Démétor, capitale de la Démétorie était un joyaux du continent. Sa construction avait commencée bien aprés que le Temple des Elements fut offert aux peuples du continent, c'était il y a environ 4000 ans, lorsque les humanoïdes découvraient à peine l'écriture. Les Dieux avaient pensé qu'ainsi les mortels auraient un sujet interressant et source d'imagination: La religion.


Enfin bref, cette ville s'était construite avec les meilleures volontées, espérant être à la hauteur de la divine création. Les avenues étaient larges et claires, la ville orientée selon le soleil métamorphosant au fil des heures les surfaces travaillées de chaque batiment. La pierre blanche utilisée généralement pour la construction était colorée et peinte par des procédés créés par les seuls artisans de Démétor -ces derniers reconnus à travers tout le continent- et donnait un air joyeux à cette ville de légende. Le climat généralement clément faisait de cet endroit un lieu où il faisait bon vivre.

Bien sûr, l'habitant des lieux vous décrirait l'endroit très différemment, parlant des problèmes de cohabitation entre les différents peuples, car cette ville était un exemple de mixitée des races, tous ayant la même religion et venant en ces lieux en pélerinage. Mais il existait des coins bien pires.


Drakahen entra dans un batiment décoré de lanternes de toutes les couleurs, un mur d'enceinte laissant deviner une utilisation militaire des lieux. Je ne m'étais pas vraiment trompé, c'était une école d'apprentissage du combat à armes blanches et Drakahen semblait comme chez lui.

Dans la cour, un homme au yeux bridés, certainement originaire des terres sauvages du Kyökhan expliquait à son élève les bases du maniement des armes.

Il était petit pour un humain, des cheveux gris coupés très court et habillé d'une simple tunique rapiécée maintes fois laissant découvrir des bras incroyablement musclés. Il avait le visage rieur de ceux qui ont beaucoup vécu et trouvé le chemin de la sagesse.

-Maître, le héla Drakahen le sourire aux lèvres, vous portez encore cette guenille?

L'homme cessa son cours et envoya l'élève s'entraîner avec son second. Il se tourna lentement et fixa intensemment Drakahen qui se sentit très mal à l'aise.

-Alors jeune pirate, tu viens revoir ton ancien Maître?

Il avait l'air en colère tout à coup, mais je sentis que c'était une feinte.

-Prend une épée que je t'apprennes la politesse!

A peine eût-il fini sa phrase qu'il chargea l'épée au clair un Drakahen stupéfait qui dégaina de justesse pour parer la première attaque.

Sous la force du choc, le mercenaire mit un genoux à terre et sourit.

-Je n'ai rien perdu de vos enseignements, Sarakan.

Le Maître le jaugea un instant et le défia d'un geste de la main.

Le combat révélai toute l'expertise de ses participants. Technique, force, imagination, adaptabilité, ils semblaient être à forces égales. Toutes les personnes alentours s'étaient arrêtées pour admirer le duel. Drakahen porta un coup de taille d'une rapiditée fulgurante que son ancien Maître évita d'une pirouette, lançant dans le même geste son pied vers le visage du guerrier. Il l'évita de justesse, parant dans le même mouvement l'habile retour de lame qui s'ensuivit. Les épées s'entrechoquèrent, les combattants concentrés à l'extrème pour vaincre l'autre.

Tout à coup, surgit une femme aux cheveux noirs coupés courts, un sabre dans chaque main. Elle se jeta dans la mélée et désarma les deux hommes en un geste.

-Sylberal !! s'exclamèrent-ils en choeur.

La jeune guerrière qui devait avoir 25 ans riait à gorge déployée. Elle avait la peau mate et un visage aux traits délicats qui dénotait avec l'acier de son regard.

C'était une femme de caractère, cela se voyait immédiatement. Je fus curieux de connaître l'histoire commune de ces trois là. Je décidais de fouiller dans l'esprit de leur Maître.



Un navire dans la tempête, balloté comme un jouet par un enfant maladroit. Sarakan est dans le grand compartiment du centre avec la plupart des voyageurs et il essaye de rassurer sa femme.

-Ils ont l'habitude tu sais, lui dit il dans sa langue. Ce sont des marins expérimentés.

Il porte la tunique que nous connaissons bien, neuve et que son épouse arrange machinalement.

-Et arrête de tripoter ma tunique, mon tendre amour, rajoute t'il avec un sourire.

A côté de lui, une femme à la peau sombre serre dans ses bras une jolie petite fille qui doit avoir cinq ans et ne quitte pas des yeux l'homme du Kyokhan. Il est frappé par son regard où ne se reflète aucune peur.

Tout à coup, la porte s'ouvre et un marin apparait en trainant de force un gamin d'une dizaine d'années.

-Non Drakahen, tu restes là !! Tu es trop jeune pour nous aider sur le pont alors fait ce que je te demande ou je t'attache ici.

La petite fille s'échappa des bras de sa mère et attrappa la main du garçon. La porte claqua, le marin était parti.

-Elles sont comment les vagues ? demanda la gamine avec un accent étrange.

Il la regarda un instant étonné de sa question et s'apprêta à lui répondre lorsque le navire se brisa.

Tout n'était qu'eau sombre, débris et hurlements. La plupart des marins ne survécurent pas au premier choc, et les passagers furent entrainés vers le fond par les restes du navire. Dans la confusion, Sarakan avait perdu sa femme et n'avait plus notion du haut ou du bas. Il vit tout à coup un pied d'enfant s'agiter dans l'eau et essaya de le suivre. Ses poumons étaient en feu et il mit une bonne seconde avant de comprendre qu'il était à quelques brasses de la surface.

Les enfants étaient accrochés à un bout de planche, se tenant toujours la main et Drakahen appellait désespéremment son père.

Le Maître d'armes plongea de nombreuses fois pour retrouver sa femme mais l'épuisement et la tristesse eurent raison de lui. Il commença à se laisser couler lorsque la gamine l'agrippa par sa tunique.

-Monsieur, venez, accrochez vous, lui hurla Drakahen dans le vent.

Ils restèrent longtemps ainsi. La tempête se calma et ils entendirent une voix au loin.

C'était le père de Drakahen qui avait réussi à récupérer une barque et essayait de trouver son fils l'appellant à s'en casser la voix.

Ils étaient les seuls rescapés du naufrage.



Ils étaient à présent tous les trois dans le bureau de leur Maître. Drakahen était debout, leur parlant en évitant soigneusement le regard de Sylberal.

-C'est très grave. La mission est des plus importante et même si je ne peut rien vous en dire, il faut les meilleurs et uniquement des volontaires car ils ont peu de chance de revenir.

Sylberal avait l'air grave et décidé, le visage du Maître était serein à son habitude.

-Tu as donc besoin de quelques personnes de confiance pour une mission sans pouvoir nous dire en quoi elle consiste, ni sa durée, ni même combien de personnes il te faut.

-En effet Maitre, et je comptais vous demander de me recommander deux ou trois personnes. Je ne choisirait pas qui viendras...

Il sembla réfléchir un instant, jettant un coup d'oeil discret à la jeune femme qui prit la parole.

-Tu y vas je suppose vieux pirate?

Elle avait retrouvé le sourire et semblait prendre plaisir à taquiner son camarade.

-Je l'espère de tout coeur, j'vais pas rater un truc pareil ! Tu sais bien que j'ai une réputation à tenir... ajouta t'il avec un sourire de canaille.

Et la conversation prit un tour qui semblait agacer le Maître quand Sylberal expliqua en mots fleuris les détails salaces de sa réputation. Elle conclut ainsi:

-Faut bien que quelqu'un te surveille. Je viens.

Avant toute protestation, Sarakan les fit taire, se leva et fixa Drakahen droit dans les yeux.

-Ecoute moi une fois dans ta vie. L'affaire est grave si elle coïncide bien avec ce que je sais.

Il baissa les yeux géné de ne pouvoir répondre.

-Ne me dis rien de plus mais tu m'as demandé les meilleurs. Sylberal en fait partie. Nous viendrons ce soir avec un autre de mes seconds et verrons à ce moment là.

Aucun des deux ne broncha. Le vieux guerrier n'était pas Maître pour rien. Il repartit s'asseoir et continua tranquillement.

-Qui d'autre vas tu aller chercher?

 

Publié dans Miroir des Chimères

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