chap1 partie 2
C'était le bureau "officiel" de Liaden. Celui ci était d'ailleurs quasiment vide. Un simple bureau de bois et des chaises confortables occupaient le fond de la pièce. Il semblait qu'il avait été conçu pour ce qu'Eléanee était en train de faire: les cents pas.
-Lilee, calme toi ! Nous allons trouver une solution, essaya de rassurer la Haute elfe.
Mais son élève ne s'arreta pas pour autant. Je n'osais intervenir car mis à part le premier porteur, les autres avaient été préparés à cette tâche et je ne savais pas trop comment gérer la situation...
-C'est pas possible! On va me l'enlever ce truc? Dites moi que oui!s'écria ma porteuse.
Je n'appréciait pas du tout d'être traité de "truc".
-Lilee, ne parle pas de la Voix ainsi, tu pourrais la vexer et nous ne pouvons pas nous le permettre... se risqua la Maistre.
Forcément, la demi-elfe explosa.
-Se vexer? SE VEXER!!! Et moi je devrais dire quoi? J'accueille contre ma volonté une sorte de parasite qui va se servir de moi pour accomplir des missions dont je n'ai aucune idée!
Le parasite avait une forte envie d'expliquer son point de vue, mais je ne sais pas si c'était de la sagesse ou de l'amusement malsain, mais je préférais ne rien dire. Je sentais qu'il lui faudrais quelques heures pour se calmer.
-Eléanee, nous n'avons pas le choix. Telle est la situation et désormais que tu sois d'accord ou pas, tu es la nouvelle prophetesse.
Quelqu'un tapa discrètement à la porte. Avant que son élève puisse répliquer, Liaden ordonna d'entrer.
La porte s'ouvrit sur un jeune homme brun aux habits simples et au sourire géné.
-Désolé de vous interrompre Dame Liaden, mais le Roi aimerais savoir si vous êtes prête pour vous rendre au conseil. Ils vont commencer dans quelques minutes...
-Nous descendons immédiatement Borhin, merci.
Il ressorti tout de suite, voire précipitamment, ayant sans doute entendu les cris à travers la porte.
-Eléanee, maintenant il va falloir être forte et me faire confiance. Nous avons besoin de toi.
-Je ne si pas si je pourrais...commença ma porteuse,
-Tu vas réussir, lui dit Liaden en lui touchant le visage, tu es bien plus courageuse que tu ne le crois!
Je profitais de se contact pour me lier à la Haute elfe.
-Pourquoi moi?
Cette question me fit sourire car il n'est un porteur qui ne se l'étais posée.
L'heure était grave. Le Grand Conseil se réunit dans la salle du temple, présent des Dieux lors de la Création.
Beaucoup avaient tenté de la décrire avec des mots mais c'était un spectacle et un émerveillement si grand qu'il fallait le voir pour se rendre compte de l'ampleur de sa beauté.
La voûte était immense et divisée en quatre parties aux couleurs des Elements. Rouge pour le feu, vert pour la terre, bleu pour l'eau et doré pour l'air. Mais c'était une ogive de vitraux resplendissants où le soleil, entrant dans la salle, révélait une myriade de couleurs. Chaque scène représentant son élément semblait vivante, illusion hypnotisante d'une cascade, d'un feu dansant, d'une prairie ondulante sous la brise et d'une fleur s'épanouissant, un ballet de nuages. Les colonnes d'obsidienne étaient travaillées sur chaque millimètre, révélant aux yeux des mortels, textes, symboles dessins et formes de toutes sortes, trésor immense de la connaissance des Dieux.
Au plus haut de la demi sphère , il y avait un globe de lumière blanche, qui de mémoire d'elfe n'avait varié d'intensité qu'une fois. (La légende raconte qu'il y a 1100 ans, quelques mois avant la première prophétie, la lumière s'éteignit presque, flamme tremblotante, pour s'intensifier un peu lors de l'apparition du prophète (ou porteur de la Voix). Bien sûr, c'est moi qui avait fait revenir la lumière mais nul ne le savait, comme nul ne savait pourquoi elle était moins forte et éclatante qu'avant. J'étais le dernier témoin de cette histoire et peut être qu'un jour je la révèlerai.)
Toujours est-il que pour compenser le faible éclairage du globe, il était disposé sur chaque arche des torches magiques de flamme éternelle.
Une vaste table de pierre en parfait demi-arc de cercle faisait face à l'entrée et derrière étaient assis des hommes et des femmes au charisme incontestable.
Les Sages élus par le peuple formaient un conseil religieux puissant et respecté, Mais ce jour était particulier et le Roi aussi était présent.
Grand et imposant, de race humaine du nord, il était fort et charismatique. Ces cheveux noirs mi long étaient striés de fils d'argents au niveau des tempes, dénotant d'un certain âge, je dirais presque cinquante ans, ce qui est un grand âge pour un humain.Une lourde cicatrice lui barrait la joue et je fus curieux de savoir d'où elle lui venait. Il avait serré la main d'Eléanee avant d'entrer, semblant bien la connaitre. J'en profitais pour plonger dans ses souvenirs.
C'était un champ de bataille, le dernier grand combat contre les terres de Morgoth, il y avait trente ans. Thornéus était déjà un grand guerrier réputé, fils aîné du Roi qui fut le premier à charger sur la plaine. Devant eux, des milliers d'orcs menés par un sombre cavalier en armure de pointes de fer, sombres et tranchantes.
Le choc fut terrifiant par son ampleur et le fracas des armes et des armures était assourdissant. Tout à coup, le cavalier était devant le Roi, abattant son épée sans pitié et lui transperçant la poitrine.
Un cri résonna, celui de son fils qui chargea l'épée en avant... c'est ainsi qu'il hérita de sa cicatrice qu'il ne fit pas effacer par des soigneurs, souvenir de ce jours où dans un excés de rage et de désespoir il avait été imprudent.
Il fut reçu par un coup d'épée en travers du visage et ne fut sauvé que grâce à son jeune frère qui le retint au dernier instant. Relg se prit un coup violent en pleine poitrine et tomba au sol, inconscient. Thornéus entra dans le combat plus calme et plus concentré, évitant chaque attaque et en portant d'autres plus précises et efficaces. Il avait la rapidité et la jeunesse, le cavalier avait la puissance et l'expérience. Les Dieux firent que celui qui est Roi vainquit.
La réunion allait commencer et les problèmes aussi. A mon avis, ils n'allaient pas aimer les nouvelles.